la place des médias dans la société de

Publié le par lakhouidam

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Conférence sur le rôle et la place des médias dans la société de

l’information en Afrique et dans les pays arabes

Marrakech (Maroc), 22 – 24 novembre 2004

Plan d’action

La Conférence de Marrakech recommande la mise en oeuvre des actions suivantes :

1. Liberté, indépendance et pluralisme des médias confrontés notamment

aux impératifs de la cybersécurité

·

 

Procéder sans délai à une réforme générale des lois qui limitent le droit à la

liberté d’expression et d’opinion.

·

 

Demander aux états arabes et africains qui ne l’ont pas encore fait de ratifier

le Pacte international relatif aux droits civils et politiques de 1966 et d’inscrire

les principes et valeurs de la liberté d’expression et du droit à l’information

dans leurs constitutions.

• Réviser et renforcer les mécanismes des droits de l’homme des Nations Unies

spécifiques à la liberté d’expression et d’information et créer des procédures

concrètes de suivi et de mise en oeuvre des recommandations de ces

mécanismes.

• Faire dépendre toute aide étrangère aux états arabes et africains du respect

par ces états de la liberté d’expression et du droit d’accès à Internet.

• Aider et financer les médias publics seulement lorsqu’ils sont indépendants du

point de vue éditorial et là où leur indépendance et le droit à la liberté

d’information et d’expression sont assurés.

·

 

Libérer immédiatement et sans conditions les prisonniers d’opinion ayant fait

usage pacifique de l’Internet.

·

 

Permettre aux médias indépendants et communautaires d’exister sans

conditions politiques préalables, sauf dans le cas où leur contenu est

pédophile, raciste ou a pour but d’inciter à la violence ou au terrorisme.

·

 

Inviter les organisations des médias à adopter des normes et des standards

ainsi que des codes d’éthique en vue de consolider l’état de droit et la liberté

d’expression.

• Protéger le droit des journalistes arabes et africains à créer des unions et

associations indépendantes et soutenir l’établissement, sur le plan national et

régional, d’ONG arabes et africaines travaillant en faveur de la liberté

d’Internet.

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2. La place des médias traditionnels et des nouveaux médias dans la société

de l’information

• Souligner le rôle clé des médias et des communicateurs dans la société de

l’information et, dans cette perspective, veiller à assurer la formation de ces

professionnels à l’utilisation des TIC.

·

 

Reconnaître le statut du journaliste en ligne et lui accorder les mêmes droits

économiques et sociaux qu’aux autres journalistes travaillant dans les médias

traditionnels.

·

 

Améliorer la coordination parmi les divers projets africains actuellement en

cours (tels que NEPAD, NICI) pour tout ce qui touche au rôle des médias et à

la liberté d’expression dans la société africaine d’information.

·

 

Les donateurs devraient fournir une aide internationale aux pays africains et

arabes afin de développer une presse écrite et des médias électroniques qui

soient indépendants des gouvernements et qui encouragent le pluralisme et

l’indépendance éditoriale.

·

 

Afin de transformer les radios et télévisions d’état et les agences nationales

de presse en institutions de service public, les gouvernements devraient se

fixer pour objectif de leur accorder un statut d’indépendance journalistique et

éditoriale.

• A cet égard, les gouvernements africains devraient mettre en oeuvre les

dispositions pertinentes contenues dans la Déclaration sur la liberté

d’expression de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des

Peuples.

• Ces derniers devraient également se fixer pour objectif d’élargir les

possibilités de diffusion en octroyant des licences aux radios communautaires

indépendantes là où elles sont actuellement interdites et en leur accordant un

accès équitable au spectre des fréquences.

• Afin d’inclure le plus grand nombre de communautés marginales possibles, les

gouvernements et les donateurs devraient aller au-delà des projets pilotes

visant à faciliter l’accès des communautés à l’information et s’engager à

multiplier et étendre les projets qui ont fait leur preuve.

• Promouvoir l’établissement par les gouvernements de mécanismes de

financement indépendants dans le but de soutenir le pluralisme des médias,

en incluant les médias communautaires.

• Améliorer et développer les moyens de formation pour les journalistes et les

managers, ainsi que pour les autres professionnels des médias et ce, sans

discrimination, aux fins d’améliorer le niveau de leurs compétences

professionnelles.

• Encourager l’établissement de réseaux nationaux et régionaux d’alerte dont le

but est de repérer les cas de violations de la liberté d’expression et de

susciter des réactions, de créer des banques de savoir et de fournir des

conseils et de l’aide technique pour le développement des médias.

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3. La réduction de la fracture numérique dans les médias

• Afin de transformer la fracture numérique qui affecte les médias en une

"opportunité numérique", il est recommandé qu’en Afrique et dans le monde

arabe, la formation (alphabétisation de base et acquisition de connaissances

en matière de TIC), et plus spécifiquement la formation de formateurs,

devienne un objectif majeur dans la lutte pour la reconnaissance

professionnelle des journalistes.

• Encourager les gouvernements donateurs et les organisations internationales

à participer à des partenariats de formations multilatérales et bilatérales en

prenant les dispositions nécessaires pour que les effets de ces efforts

éducatifs perdurent lorsque les programmes des donateurs arrivent à terme.

• Reconnaître le rôle crucial que jouent les gouvernements dans les pays en

développement, auxquels revient la responsabilité de créer dans leurs propres

pays un environnement favorable à la transmission des connaissances et à la

mise en place d’infrastructures adéquates dans le domaine des TIC.

• Soutenir par des subventions privées et publiques le développement des sites

web des médias indépendants et contribuer à la formation et au

perfectionnement des journalistes dans le domaine des techniques du

journalisme en ligne.

• Accorder une plus grande priorité aux projets liés aux TIC dans la formulation

des demandes de financement adressées par les gouvernements des pays en

voie de développement aux pays développés et aux agences internationales.

4. Les professionnelles des médias dans la société de l’information

• Soutenir une participation égale des femmes dans les médias par le biais de

mesures anti-discriminatoires en matière de formation et d’emploi.

• Développer des projets spécifiques fondés sur une collaboration entre les

institutions d’enseignement, les gouvernements et les fournisseurs de TIC, et

destinés à donner aux jeunes femmes un accès accru à ces technologies, et

plus particulièrement à l’utilisation de l’ordinateur, afin de leur permettre de

se former de manière indépendante.

• Adopter des politiques, en consultation avec les gouvernements, visant à

promouvoir l’embauche de locaux (femmes et hommes) dans les médias et

les industries de communication installés dans la région et veiller à ce que les

attentes en matière d’emploi et de développement des possibilités de

carrières soient raisonnables.

• Établir des réseaux d’entraide de femmes au niveau régional dans le but

spécifique de promouvoir de meilleures pratiques, des modèles de rôles, un

développement des politiques, des programmes de formation et des projets

innovateurs susceptibles de soutenir l’emploi des femmes qui utilisent les TIC

et de promouvoir ainsi les valeurs des Objectifs du Millénaire pour le

développement fixés par les Nations Unies.

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• Concernant les médias en ligne, soutenir le développement de contenus

traitant des questions des droits de la femme, de l’enfance, et du troisième

âge et des problèmes du développement local et communautaire.

• Continuer à soutenir l’indice de développement composite des TIC afin

d’assurer une formation équitable et des opportunités d’emploi pour les

femmes dans les médias et les TIC.

5. Culture, multilinguisme et médias dans la société de l’information

• Réaffirmer le multilinguisme comme élément fondamental et crucial dans

l’édification d’une société de l’information ouverte et inclusive.

• Encourager le développement des standards techniques permettant le

traitement numérique de toutes les langues sur l’Internet, que celles-ci

soient locales ou internationales.

• Développer et promouvoir l’usage de contenus numériques appropriés aux

contextes locaux / sons - images et convenant aux populations de traditions

et de cultures orales.

• Stimuler la production et la diffusion de contenus favorisant la promotion et la

valorisation des patrimoines culturels.

• Veiller à introduire un système multilingue dans les programmes d’éducation

de base des pays africains et arabes, permettant un usage adéquat par les

populations de ces langues dans la société de l’information.

• Soutenir et encourager l’action d’institutions spécialisées dans le champ

linguistique sur le plan national, régional et continental, notamment

l’Académie africaine des langues et la Maison des sciences de l’Homme.

• Encourager et contribuer à la création d’une base de données restituant les

contenus disponibles et les sources possibles de financement permettant

l’édification d’une société de l’information plurielle, multiculturelle et

plurilingue.

6. Gouvernance d’Internet

·

 

Chercher un large consensus sur des processus de gouvernance qui soient

inclusifs et adéquats, où les décisions sont prises en vue d’accroître le

potentiel d’Internet pour l’Afrique et les médias africains en particulier, tout

en valorisant le patrimoine africain.

·

 

Examiner la nécessité d’une réponse africaine globale aux défis que soulève la

gouvernance d’Internet, tout en reconnaissant le besoin d’un cadre de travail

international dans ce domaine; un tel effort de coordination africain pourrait

aider à rapprocher les conceptions nationales et internationales relatives à

l’Internet.

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·

 

Séparer les questions d’infrastructure et d’accessibilité à l’Internet comme

étant des questions d’ordre technique et de gestion, alors que les questions

de contenus de l’Internet pourraient demander une structure de gouvernance

différente.

·

 

Il convient d’adopter une approche multi-partenaires en ce qui concerne la

structure de la gouvernance d’Internet ; une telle approche devrait

comprendre, parmi les parties prenantes, les médias en tant qu’institution, les

femmes comme groupe social, et d’autres groupes d’usagers.

·

 

Pour réaliser la transition vers la société de l’information, il est indispensable

de traduire les langues africaines en codes techniques pour une utilisation sur

Internet et de promouvoir l’apprentissage de l’usage des ordinateurs.

Concernant les médias traditionnels africains, il est nécessaire de développer

une stratégie proactive pour leur assurer une présence en ligne.

·

 

Les serveurs d’Internet doivent être indépendants des autorités publiques et

ne doivent pas être rendus légalement responsables du contenu des médias

en ligne qu’ils hébergent.

·

 

Protéger la confidentialité des communications des journalistes abonnés aux

services de messagerie électronique des serveurs. Le travail des serveurs

d’Internet, qu’ils soient privés ou publics, doit être transparent et respectueux

de la vie privée des usagers.

Publié dans libeté d'expression

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